Plongée en Corse, un voyage sur mesure pour découvrir la Méditerranée
Lorsque les
premiers rayons du soleil percent la surface de l'eau, illuminant d'un halo
doré les jardins de posidonies ondulants, les plongeurs qui explorent les fonds
corses savent qu'ils vivent un privilège rare. Mille kilomètres de côtes
ciselées par le temps et les éléments, deux cents kilomètres protégés par des
réserves naturelles, une eau d'une transparence cristalline révélant jusqu'à
trente mètres de visibilité, l'île de Beauté dévoile sous la surface un autre
visage, tout aussi spectaculaire que ses montagnes escarpées et ses plages de
rêve. Ici, dans ces eaux turquoise habitées par mérous majestueux, gorgones
flamboyantes et coraux millénaires, la plongée devient expérience exaltante.
Chaque immersion raconte l'histoire d'un écosystème préservé, d'une
biodiversité exceptionnelle, d'épaves témoins de l'histoire maritime
méditerranéenne. Des îles Lavezzi au golfe de Porto, de Calvi à Bonifacio,
découvrez les sanctuaires subaquatiques qui font de la Corse l'une des
destinations phares pour tous les amoureux des profondeurs.
Les îles Lavezzi, paradis turquoise des plongeurs initiés et confirmés
Au large de
Bonifacio, là où la Corse rencontre presque la Sardaigne, l'archipel des
Lavezzi surgit des flots comme un jardin d'Éden minéral. Ces îlots granitiques,
sculptés par les vagues et le vent, constituent le joyau absolu de la plongée
en Méditerranée occidentale. Classée réserve naturelle depuis 1982, cette zone
de protection renforcée abrite une biodiversité d'une richesse stupéfiante,
fruits de décennies de conservation rigoureuse.
Le site
emblématique de Mérouville incarne à lui seul toute la magie de ces fonds
préservés. Sur un plateau sablonneux ponctué de formations rocheuses remontant
jusqu'à quinze mètres de profondeur, des mérous bruns d'une taille
impressionnante évoluent avec une nonchalance princière. Habitués depuis
longtemps à la présence humaine, ces géants placides se laissent approcher,
offrant aux photographes sous-marins des clichés exceptionnels. Leur regard
curieux semble interroger chaque visiteur, créant une connexion troublante
entre deux mondes normalement séparés.
Mais les Lavezzi ne se résument pas à ce seul spot, aussi mythique soit-il. Les tombants rocheux qui plongent vers les profondeurs abritent des colonies entières de gorgones pourpres, ces animaux arborescents qui ondulent gracieusement au gré des courants. Les barracudas patrouillent en bancs argentés, leurs silhouettes fuselées découpées par les rais de lumière. Les dentis, poissons nobles aux reflets métalliques, virevoltent entre les rochers tapissés d'éponges multicolores. Dorades royales, sars, murènes lovées dans leurs anfractuosités, la vie foisonne à chaque recoin.
L'eau d'une
clarté irréelle, oscillant entre le turquoise électrique et le bleu cobalt
profond, permet une visibilité exceptionnelle qui ravit les plongeurs de tous
niveaux. Les débutants peuvent explorer les zones peu profondes où anémones,
oursins violets et étoiles de mer composent des tableaux vivants. Les plongeurs
confirmés s'aventurent plus bas, découvrant grottes mystérieuses et passages
rocheux où la lumière joue des spectacles féeriques.
L'accès se
fait en bateau depuis Bonifacio, une vingtaine de minutes de navigation durant
laquelle les falaises calcaires de la cité millénaire s'éloignent
progressivement, remplacées par l'immensité marine. Plusieurs centres de
plongée professionnels organisent des sorties quotidiennes, encadrant baptêmes
pour néophytes et explorations techniques pour experts. La magie opère dès la
mise à l'eau, quand le plongeur bascule dans ce royaume liquide où le temps
semble suspendu.
Calvi et la Revellata, entre parois rocheuses spectaculaires et épaves historiques
La
presqu'île de la Revellata, qui s'avance dans la mer face à la citadelle
génoise de Calvi, constitue l'un des théâtres les plus grandioses de la plongée
insulaire. Les fonds rocheux y dévalent en pentes abruptes, créant des reliefs
sous-marins d'une complexité fascinante, canyons vertigineux, tunnels
mystérieux, arches naturelles sculptées par les courants millénaires.
Dès quinze
mètres de profondeur, le spectacle devient proprement stupéfiant. Les parois
tapissées de vie fixée – gorgones écarlates déployant leurs branches comme des éventails,
éponges aux formes étranges, bryozoaires formant des dentelles minérales –
offrent un décor d'une beauté saisissante. Les rascasses, maîtresses du
camouflage, se confondent avec le substrat rocheux jusqu'à ce qu'un œil exercé
détecte leur présence. Les murènes, longues créatures sinueuses, émergent de
leurs cachettes pour chasser au crépuscule. Les mérous, moins nombreux qu'aux
Lavezzi mais tout aussi impressionnants, patrouillent leur territoire avec
autorité.
Mais c'est à une autre profondeur que repose l'une des attractions phares de cette zone, l'épave du bombardier B-17. Ce Boeing Flying Fortress, géant des airs mesurant trente-deux mètres d'envergure, a sombré le 14 février 1944 au pied de la citadelle. Il repose désormais à vingt-huit mètres de fond, colonisé par la vie marine. Les congres ont élu domicile dans la carlingue béante, les girelles virevoltent entre les quatre moteurs toujours en place, les murènes ont transformé le poste de pilotage en repaire. Cette plongée historique émeut profondément, imaginer l'équipage, contempler cette machine de guerre devenue récif artificiel, constater comment la nature reprend inexorablement ses droits.
Les sites du
Sec des Belges et de Saint-François complètent magnifiquement l'offre de
plongée calvaise. Accessibles aux niveaux intermédiaires, ils proposent des
configurations rocheuses spectaculaires où la faune méditerranéenne typique
s'observe dans des conditions idéales. Raies diables glissant majestueusement,
bancs de saupes aux flancs rayés d'or, poulpes changeant de couleur pour se
fondre dans le décor, chaque immersion réserve son lot de surprises et
d'émerveillement.
La baie de
Calvi elle-même, avec ses eaux cristallines bordant les plages de sable blanc,
offre des sites parfaits pour les baptêmes et les plongées d'initiation. Peu
profondes, abritées, fourmillant de vie sans présenter de difficulté technique,
ces zones permettent aux néophytes de faire leurs premières bulles dans des
conditions optimales.
Golfe de Porto et Scandola, théâtre géologique aux fonds vertigineux
Inscrit au
patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses paysages terrestres époustouflants –
les calanques de Piana aux roches flamboyantes, la réserve de Scandola aux
falaises de porphyre rouge plongeant dans les flots – le golfe de Porto offre
également des fonds marins d'une beauté sidérante. Les parois granitiques ne
s'arrêtent pas au niveau de l'eau, elles poursuivent leur chute vertigineuse
jusqu'à huit cents mètres de profondeur au centre du golfe, créant des reliefs
sous-marins exceptionnels.
La réserve
naturelle de Scandola elle-même interdit strictement toute plongée pour
préserver son écosystème fragile. Mais les centres de Porto et Galéria
proposent des sites en bordure de réserve, au sud, où la biodiversité reflète
celle du sanctuaire. Les plongeurs y découvrent une concentration
extraordinaire d'espèces, nudibranches aux couleurs psychédéliques rampant sur
les rochers, gorgones rouges formant de véritables forêts sous-marines, bancs
serrés d'écrevisses, mérous solitaires gardant jalousement leur territoire,
murènes chassant à la tombée de la nuit.
Entre le Capo Rosso au sud et la Punta Mucchilina au nord, une dizaine de sites exploités par quelques rares centres offrent des plongées mémorables. Le caractère sauvage et préservé de cette zone génère une sensation unique, plonger ici, c'est pénétrer un territoire où l'homme demeure visiteur occasionnel, où la nature dicte encore ses lois. Les tombants vertigineux impressionnent les plongeurs confirmés, qui descendent le long de ces murailles rocheuses tapissées de vie fixée, scrutant les profondeurs bleues où parfois surgit la silhouette d'un thon, d'un barracuda solitaire, voire d'un requin pèlerin, rare mais possible.
La clarté
exceptionnelle de l'eau, résultant de l'absence de pollution et de la faible
fréquentation, permet d'apprécier pleinement ces paysages sous-marins
grandioses. Les jeux de lumière sur les parois, les rayons du soleil perçant la
surface et illuminant les profondeurs d'un halo mystique, les contrastes entre
les zones d'ombre fraîche et les plateaux inondés de clarté, tout concourt à
faire de chaque plongée dans ce golfe une expérience quasi spirituelle.
L'accès
depuis Porto nécessite une navigation d'une quinzaine à trente minutes selon
les sites. Le spectacle commence dès l'embarcation, lorsque le bateau longe les
falaises rougeoyantes de Scandola, que les goélands et cormorans s'envolent des
rochers, que parfois un dauphin accompagne l'esquif de ses bonds joyeux.
Valinco et Cerbicales, jardins de corail et cathédrales sous-marines
Le golfe de Valinco, dans le sud de l'île, recèle quelques-uns des sites les plus réputés de toute la Méditerranée. Le spot des Cathédrales justifie à lui seul le voyage. Ce tombant spectaculaire déploie des arêtes rocheuses dont les plus hautes remontent à seulement six mètres de la surface, tandis que d'autres plongent jusqu'à cinquante mètres de profondeur. La configuration géologique génère des jeux de lumière extraordinaires, les rayons solaires pénètrent entre les pics rocheux, créant des effets de vitraux naturels qui ont inspiré le nom du site.
Les parois
verticales sont littéralement tapissées de gorgones rouges et jaunes, formant
un tapis végétal mouvant sous l'effet des courants. Les éponges multicolores
ajoutent leurs touches vives à cette palette sous-marine. Dentis, mérous,
barracudas patrouillent autour de ces cathédrales minérales, tandis que dans
les anfractuosités se cachent langoustes et cigales de mer.
Non loin, le
site du Jardin dévoile une curiosité botanique rare, une branche de corail noir
de Corse, espèce protégée d'une grande fragilité. Entourée de gorgones
pourpres, côtoyée par dentis élégants et mérous territoriaux, cette formation
précieuse illustre la richesse patrimoniale de ces fonds préservés. Les plongeurs
observent avec respect cette merveille naturelle, conscients du privilège de
contempler une espèce qui met des décennies à se développer.
Plus à l'est, au large de Porto-Vecchio, les îles Cerbicales composent un archipel rocheux classé en réserve naturelle. Les eaux calmes qui baignent ces îlots garantissent des conditions de plongée idéales même pour les débutants. L'épave du Pecorella, petit cimentier de quarante-deux mètres ayant coulé en 1965, repose entre six et onze mètres de profondeur. Visible depuis la surface tant l'eau est transparente, elle constitue un site parfait pour les baptêmes et les premières explorations d'épave. Les poissons de roche y ont établi domicile, sars, girelles, labres colorés virevoltent autour de la coque envahie d'algues.
Le Tombant
de Nino, arête rocheuse séparant deux plateaux sableux, offre une plongée plus
technique pour niveaux intermédiaires. Les passages entre les éboulements
rocheux créent un labyrinthe fascinant où se faufilent bancs de mulets, dorades
royales, roussettes paisibles. Plus profond, le site du Tabernacle héberge une
colonie impressionnante de langoustes géantes, spectacle rare et privilégié
pour les plongeurs de niveau avancé.
Ajaccio et Sagone, épaves mystérieuses et biodiversité préservée
Le golfe
d'Ajaccio conjugue accessibilité et richesse sous-marine. Plusieurs sites
parsèment ses eaux, offrant des plongées variées adaptées à tous les profils.
Mais l'attraction majeure demeure l'Alcione, pétrolier italien de
quatre-vingt-dix mètres ayant sombré en 1943. Cette épave imposante repose à
trente-cinq mètres de profondeur, réservant son exploration aux plongeurs
confirmés possédant au minimum le niveau 2.
La descente le long du mouillage génère une montée d'adrénaline. Progressivement, la silhouette du navire émerge des profondeurs bleues. L'état de délabrement avancé de la coque ajoute à l'atmosphère mystérieuse, tôles tordues, structures effondrées, coursives béantes. Mais c'est précisément cette décrépitude qui crée la magie, la nature a repris possession des lieux. Les rayons du soleil percent la coque par endroits, créant des rais de lumière spectaculaires qui illuminent l'intérieur du navire. Les bancs de poissons argentés évoluent dans ces cathédrales de métal rouillé, tandis que gorgones et éponges colonisent chaque surface disponible.
Plus au
nord, le golfe de Sagone propose une palette de sites variés. L'épave d'un
Canadair, avion bombardier d'eau ayant coulé en 1971, attire les amateurs
d'archéologie sous-marine. Le tombant de Punta Locca impressionne par sa
verticalité, plongeant jusqu'à soixante mètres de profondeur. Ses cavités
abritent une faune diversifiée qui trouve refuge dans ces anfractuosités
protectrices.
Les plongées
plus accessibles ne manquent pas non loin des îles Sanguinaires, cet archipel
mythique qui embrase le couchant de ses teintes pourpres. Le tombant de Tino,
accessible aux niveaux intermédiaires, permet l'observation de barracudas
patrouillant en formation, de murènes chassant au crépuscule, de dentis
glissant entre les rochers. La diversité des reliefs – plateaux sablonneux
alternant avec pitons rocheux, grottes peu profondes faciles d'accès, jardins
de posidonies ondulant doucement – garantit des plongées toujours renouvelées
où chaque immersion révèle de nouvelles surprises.
Les centres
de plongée ajacciens, professionnels et accueillants, proposent formules de
baptême pour les néophytes et explorations techniques pour les experts. La
proximité de la ville facilite l'organisation logistique, permettant de
combiner découverte culturelle terrestre et exploration subaquatique.
Cap Corse et Balagne, épaves historiques et snorkeling enchanteur
Le doigt
septentrional de l'île, ce cap pointant vers l'Italie comme une presqu'île dans
l'île, abrite des sites de plongée encore confidentiels mais remarquables. Au
large de la Marine de Negru, les parois rocheuses plongeant depuis les falaises
jusqu'aux fonds marins créent des configurations spectaculaires. Des espèces
plus rares s'observent ici, poulpes mimétiques changeant de forme et de
couleur, hippocampes s'accrochant aux gorgones, nudibranches exotiques rampant
sur les rochers. La profondeur importante et les conditions parfois difficiles
réservent ces plongées aux pratiquants expérimentés.
Près de
l'île de Giraglia, point le plus septentrional de Corse, plusieurs épaves
d'avions et de navires reposent à des profondeurs variables. Ces vestiges de la
Seconde Guerre mondiale émeuvent par leur charge historique. Un chasseur
américain s'est posé sur l'eau au large de l'Île-Rousse durant le conflit. Il
repose désormais à vingt mètres de profondeur au milieu d'un herbier de
posidonie. L'épave, entière et relativement bien conservée, constitue une
plongée historique accessible.
L'île de la
Pietra, reliée à l'Île-Rousse par une digue, offre un tout autre registre, le
snorkeling y trouve des conditions optimales. Les eaux peu profondes et
cristallines de sa petite baie, facilement accessible depuis un sentier
longeant le phare, fourmillent de vie. Pas besoin de bouteilles ni de
combinaison épaisse durant l'été, un simple masque, un tuba, des palmes
suffisent pour observer l'incroyable biodiversité des herbiers de posidonies
tapissant les fonds rocheux.
Girelles
multicolores, saupes rayées d'or, oblades aux reflets argentés, sars communs,
labres aux teintes vives, les poissons abondent, habitués à la présence
humaine. Les oursins violets se nichent dans chaque anfractuosité, les étoiles
de mer orange s'accrochent aux rochers, les anémones de mer ondulent
gracieusement. Cette profusion de vie à faible profondeur ravit
particulièrement les familles avec enfants, qui découvrent ainsi les merveilles
méditerranéennes sans équipement complexe ni compétences techniques.
Une Méditerranée préservée qui appelle à l'émerveillement et au respect
Plonger en Corse devient un voyage initiatique au cœur d'un patrimoine naturel d'exception.
Ces fonds préservés témoignent de ce que fut jadis toute la Méditerranée, avant
que pollution et surpêche n'appauvrissent dangereusement ses écosystèmes. Grâce
à une politique volontariste de protection – réserves naturelles, zones
interdites à la pêche, contrôles rigoureux – l'île de Beauté a su conserver une
biodiversité exceptionnelle.
Chaque
immersion rappelle la fragilité de ces équilibres. Les gorgones centenaires, le
corail noir rarissime, les herbiers de posidonies essentiels à l'oxygénation
des eaux, autant d'espèces vulnérables qui nécessitent vigilance et respect.
Les centres de plongée insulaires, professionnels et passionnés, sensibilisent
systématiquement leurs clients aux bonnes pratiques, ne rien toucher, contrôler
parfaitement sa flottabilité pour éviter de percuter les formations fragiles,
ne pas nourrir les poissons pour ne pas perturber leurs comportements naturels.
La période
idéale s'étend de mai à octobre, quand l'eau atteint des températures agréables
– entre vingt et vingt-cinq degrés selon les mois – et que la visibilité
culmine. Mai et juin offrent l'avantage d'une fréquentation encore modérée,
garantissant des plongées sereines dans des eaux limpides. Septembre conjugue
chaleur persistante et tranquillité retrouvée après l'effervescence estivale.
Cette diversité constitue l'une des grandes forces
de l'île, en quelques jours, un même plongeur peut enchaîner baptême en eaux
peu profondes, exploration d'épave historique, descente sur tombant
vertigineux, observation de mérous géants.
La Méditerranée corse vous ouvre ses portes, vous invite à pénétrer son royaume liquide, à partager quelques instants l'existence de ses habitants. En retour, elle ne demande qu'une chose, que vous deveniez ambassadeur de sa préservation, témoin de sa beauté, gardien vigilant de sa fragilité. Car ces eaux cristallines, ces fonds foisonnants de vie, ces épaves chargées d'histoire appartiennent autant aux générations futures qu'à nous. Plonger en Corse n'est pas seulement vivre une expérience inoubliable, c'est aussi s'engager à protéger un patrimoine naturel.
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