Visiter la Corse à pied en marchant ou en courant, que choisir?
L'île de
Beauté dévoile ses secrets les plus intimes à ceux qui acceptent de l'arpenter
à pied. Loin des plages bondées et des routes côtières saturées, un autre
visage de la Corse s'offre aux marcheurs et coureurs, celui des crêtes
vertigineuses, des forêts centenaires, des bergeries isolées et des lacs
d'altitude miroirs du ciel. Que l'on choisisse la lenteur contemplative de la
randonnée ou l'ivresse du trail running, parcourir l'île à pied constitue une
expérience transformative où le corps dialogue avec une nature brute et
puissante. Les sentiers corses, du mythique GR20 aux itinéraires côtiers moins
fréquentés, tissent un réseau exceptionnel permettant de traverser l'île du
nord au sud, d'est en ouest, découvrant à la foulée les multiples facettes d'un
territoire façonné par des millénaires d'histoire géologique et humaine. Cette
aventure pédestre ne se mesure pas seulement en kilomètres parcourus, mais en
émotions accumulées, en rencontres authentiques et en communion profonde avec
un environnement préservé.
Le GR20, sentier mythique entre défi et émerveillement
Le GR20 incarne l'imaginaire collectif de la randonnée en Corse. Considéré comme l'un des itinéraires les plus exigeants d'Europe, ce parcours de 180 kilomètres relie Calenzana au nord à Conca au sud, traversant l'épine dorsale montagneuse de l'île sur seize étapes époustouflantes. Les chiffres donnent le vertige, plus de 10 000 mètres de dénivelé positif cumulé, des passages techniques enchaînant chaos rocheux et arêtes exposées, des refuges perchés à plus de 2 000 mètres d'altitude. Pourtant, au-delà des statistiques intimidantes, le GR20 révèle une beauté sauvage qui justifie sa réputation mondiale.
La traversée
débute dans les paysages lunaires du désert des Agriates avant de plonger vers
les vallées boisées du Niolu. Le sentier serpente ensuite entre pins laricio
géants et lacs d'altitude aux eaux glacées. Le cirque de la Solitude, passage
mythique aujourd'hui interdit suite à des éboulements, symbolisait la
difficulté extrême de l'itinéraire. D'autres sections n'en demeurent pas moins
spectaculaires, l'ascension du Monte Cinto culminant à 2 706 mètres, la
traversée des aiguilles de Bavella aux silhouettes acérées, ou encore les
crêtes de Paglia Orba dominant des à-pics vertigineux.
Les refuges
ponctuant le parcours constituent des haltes précieuses où se mêlent épuisement
physique et euphorie collective. Randonneurs de toutes nationalités partagent
expériences, conseils et provisions dans une ambiance fraternelle née de
l'effort commun. Les gardiens, personnages hauts en couleur profondément
attachés à leur montagne, dispensent informations météorologiques, anecdotes
locales et parfois même des plats corses revigorants. Ces refuges spartiates,
dépourvus de confort superflu, ramènent l'essentiel, un toit, de l'eau potable,
des compagnons de route.
La faune et
la flore endémiques jalonnent l'itinéraire. Mouflons aux cornes majestueuses
observés au détour d'un pierrier, gypaètes barbus planant dans les courants
ascendants, immortelles odorantes tapissant les pentes ensoleillées, pins
tordus par les vents dominants, la nature corse s'impose dans toute sa
singularité. Les nuances chromatiques varient selon l'altitude et l'exposition,
ocre des roches granitiques, vert profond des forêts, turquoise des pozzi
naturels, blanc immaculé des névés persistants jusqu'en été.
Accomplir le
GR20 demande préparation physique rigoureuse, équipement adapté et mental
d'acier. Les abandons restent fréquents, souvent dès les premières étapes
sous-estimées. Certains marcheurs optent pour des sections partielles, nord ou
sud, permettant de goûter à l'expérience sans l'engagement total. D'autres
reviennent année après année, cherchant à améliorer leur performance ou
simplement à retrouver ces paysages qui les ont marqués au fer rouge de
l'effort et de la beauté conjugués.
Sentiers alternatifs, découvrir la Corse autrement
Si le GR20 monopolise l'attention médiatique, d'autres itinéraires révèlent des facettes méconnues de l'île. Le Mare a Mare Nord relie Moriani sur la côte orientale à Cargèse à l'ouest, traversant l'intérieur des terres sur près de 140 kilomètres. Ce parcours de moyenne montagne, accessible au plus grand nombre, traverse villages typiques, forêts de châtaigniers centenaires et vallées pastorales préservées. Les hébergements en gîtes d'étape favorisent les rencontres avec les habitants, gardiens d'une culture insulaire authentique.
Le Mare a
Mare Sud propose une variante méridionale entre Porto-Vecchio et Propriano.
Moins fréquenté, l'itinéraire dévoile la Corse rurale des bergeries d'altitude
et des hameaux oubliés où le temps semble figé. Les étapes modérées autorisent
une contemplation sereine des paysages, loin de la course contre la montre imposée
par la difficulté du GR20. Les couchers de soleil sur le golfe du Valinco,
observés depuis les hauteurs boisées, offrent des tableaux lumineux d'une
intensité rare.
Les Mare e Monti, déclinés en plusieurs versions, combinent littoral et arrière-pays dans des parcours équilibrés. Le Mare e Monti Nord entre Calenzana et Cargèse longe la côte occidentale sauvage, alternant criques secrètes et promontoires rocheux dominant la Méditerranée scintillante. Les villages de Galeria, Girolata accessible uniquement à pied ou par bateau, et la réserve de Scandola classée au patrimoine mondial jalonnent cette traversée maritime et montagneuse. L'odeur du maquis se mêle aux embruns salés, créant une alchimie olfactive typiquement corse.
Le sentier
des Douaniers, ou Sentiero di i Duana, court le long du Cap Corse sur près de
20 kilomètres entre Macinaggio et Centuri. Cette randonnée côtière
spectaculaire épouse les contours d'un littoral déchiqueté où alternent plages
de galets, falaises abruptes et tours génoises témoins du passé défensif
insulaire. Les panoramas sur la mer Tyrrhénienne, les îlots de la Giraglia et
l'horizon toscan par temps clair justifient l'effort constant des montées et
descentes successives.
La Haute
Route des Corses, itinéraire confidentiel destiné aux randonneurs aguerris,
parcourt les sommets de la chaîne centrale sur près de 200 kilomètres. Moins
balisé que le GR20, ce sentier exige sens de l'orientation affirmé et autonomie
complète. Il récompense les marcheurs expérimentés par des paysages d'une
pureté absolue, loin de toute fréquentation touristique, dans un dialogue
solitaire avec les éléments naturels.
Trail running, courir la montagne corse
Le trail
running a conquis la Corse ces dernières années, attirant coureurs du monde
entier séduits par la diversité des terrains et la beauté des parcours.
Plusieurs courses mythiques rythment désormais le calendrier sportif insulaire,
transformant les sentiers de randonnée en terrain de jeu pour ultra-traileurs
intrépides. Ces épreuves célèbrent l'alliance entre performance sportive et
communion avec la nature, dans une philosophie proche de celle des coureurs
corses traditionnels qui reliaient autrefois les villages isolés en
franchissant cols et crêtes.
Le Restonica
Trail, organisé dans la vallée éponyme près de Corte, propose des formats
variés du 14 au 110 kilomètres. Les coureurs grimpent vers les lacs de Melo et
Capitello, joyaux d'altitude enchâssés dans un cirque granitique majestueux. Le
dénivelé sévère et les passages techniques sur dalles rocheuses exigent agilité
et endurance, tandis que les points de vue récompensent généreusement les
efforts consentis. L'ambiance conviviale typique du trail corse crée des liens
durables entre participants partageant passion commune pour la course nature.
La Corsicatrail, déclinée en plusieurs distances jusqu'à l'Ultra de 110 kilomètres, traverse les paysages grandioses de Bavella. Les aiguilles rocheuses déchiquetées dominent un parcours alternant forêts ombragées de pins laricio, plateaux herbeux d'altitude et portions du GR20 empruntées au pas de course par les compétiteurs. Les sensations diffèrent radicalement de la randonnée, le souffle court, les muscles brûlants, l'adrénaline du dépassement physique composent une expérience intense où l'effort devient méditation en mouvement.
Le Trail
Napoléon autour d'Ajaccio combine patrimoine historique et beauté naturelle. Le
parcours suit les traces supposées de l'Empereur lors de ses promenades
favorites, traversant le maquis odorant ponctué de vestiges anciens et offrant
des vues plongeantes sur le golfe scintillant. Des formats courts permettent
aux débutants de s'initier au trail dans un cadre exceptionnel, tandis que les
distances longues testent les coureurs confirmés sur un terrain varié et
exigeant.
Les entraînements
libres se multiplient sur les innombrables sentiers corses. Coureurs locaux et
visiteurs réguliers développent leurs parcours fétiches, ascension matinale du
Monte Stello dominant Bastia, tour du lac de Creno dans une atmosphère
mystique, traversée des Pozzi entre Vizzavona et Bocognano jalonnée de vasques
naturelles invitant à la baignade réparatrice. Cette pratique individuelle
autorise une liberté totale dans le choix du rythme, des pauses contemplatives
et de l'immersion sensorielle dans les paysages traversés.
La
communauté des traileurs corses partage valeurs de respect environnemental et
d'humilité face à la montagne. Les courses intègrent systématiquement ramassage
des déchets et sensibilisation à la fragilité des écosystèmes. Cette éthique
résonne avec la philosophie insulaire de protection du patrimoine naturel,
héritage précieux transmis aux générations futures. Courir en Corse devient
ainsi acte citoyen autant que performance sportive.
Diversité des territoires, de la mer aux sommets
La
singularité de la Corse réside dans la proximité géographique d'écosystèmes
radicalement différents. En quelques heures de marche, on passe des plages de
sable fin aux forêts tempérées, des crêtes alpines aux vallées
méditerranéennes. Cette compression verticale des étages de végétation offre
aux randonneurs et coureurs une variété paysagère exceptionnelle concentrée sur
un territoire relativement restreint.
Les départs
de randonnées depuis le littoral permettent d'enchaîner baignade matinale et
ascension vers les hauteurs dans la même journée. L'itinéraire du Capu Rossu,
promontoire dominant le golfe de Porto, illustre parfaitement cette dualité. On
débute au niveau de la mer turquoise, traversant le maquis embaumant le romarin
et l'immortelle, pour atteindre le sommet offrant un panorama circulaire
embrassant calanques de Piana, golfe de Girolata et massifs montagneux de
l'intérieur. Le retour s'effectue sous une chaleur méditerranéenne avant une
plongée réparatrice dans les eaux fraîches.
Les massifs de l'intérieur, Rotondo et Cinto notamment, affichent des caractères franchement alpins malgré une altitude modeste comparée aux Alpes. Neige persistante jusqu'en juin, lacs gelés plusieurs mois par an, températures nocturnes frôlant le zéro même en plein été, les conditions rencontrées exigent équipement montagnard complet et expérience confirmée. Les bergeries d'altitude, occupées durant la transhumance estivale, témoignent d'une adaptation séculaire à ces milieux hostiles où l'homme a appris à composer avec les éléments.
Les forêts corses constituent des sanctuaires de biodiversité. La forêt de Vizzavona, traversée par le GR20, abrite pins laricio aux troncs élancés atteignant quarante mètres de hauteur. L'ambiance y est cathédrale végétale, avec une lumière tamisée filtrant à travers les frondaisons et un sol tapissé de mousse spongieuse amortissant les pas. Les hêtres de la forêt de Valdo-Niello, dans le Niolu, revêtent leurs parures automnales flamboyantes dès septembre, créant des tableaux chromatiques saisissants parcourus par les marcheurs contemplatifs.
Les plateaux
d'altitude, tels le plateau du Coscione parsemé de pozzi naturels, offrent des
ambiances nordiques inattendues sous cette latitude méridionale. Tourbières,
landes à bruyères, troupeaux de chevaux sauvages paissant dans les combes
herbues, ces espaces ouverts contrastent avec la verticalité des crêtes
environnantes. Les lumières rasantes du matin ou du soir y sculptent des ombres
interminables, magnifiant le relief ondulant de ces hauts plateaux perdus.
Les déserts
de pierres, éboulis instables couvrant les pentes sommitales, rappellent la
jeunesse géologique de l'île. Randonner sur ces chaos minéraux exige attention
constante pour éviter entorses et chutes. Pourtant, même dans ces univers apparemment
stériles, la vie s'accroche, lichens multicolores colonisant les rochers,
saxifrages trouvant subsistance dans les fissures, mouflons bondissant avec une
aisance déconcertante sur les pentes abruptes.
Préparation et immersion culturelle
Entreprendre
une randonnée ou un trail en Corse nécessite préparation minutieuse dépassant
les simples aspects physiques et matériels. S'immerger dans la culture
insulaire enrichit considérablement l'expérience, transformant la simple
traversée sportive en voyage initiatique au cœur d'une identité farouchement
préservée.
La condition
physique demeure évidemment primordiale. Les dénivelés corses, sévères et
répétés, sollicitent muscles et articulations de façon intense. Un entraînement
progressif sur plusieurs mois, incluant sorties longues en montagne et
renforcement musculaire spécifique, prépare le corps aux exigences du terrain.
Les novices gagnent à débuter par des randonnées de quelques jours sur les Mare
a Mare avant d'envisager le GR20 ou les trails techniques. L'acclimatation à
l'altitude, bien que modeste comparée aux massifs alpins, influence néanmoins
les performances et le ressenti des non-montagnards.
L'équipement doit combiner légèreté et robustesse. Chaussures de randonnée parfaitement adaptées au pied et rodées lors de sorties préparatoires, sac à dos ergonomique répartissant correctement les charges, vêtements techniques régulant température corporelle selon les variations climatiques rapides en montagne, autant d'éléments dont dépend le confort quotidien. Les bâtons de marche, longtemps snobés par puristes, s'avèrent précieux pour soulager genoux et chevilles lors des descentes caillouteuses interminables.
La
météorologie corse, capricieuse et changeante, impose vigilance constante.
Orages estivaux se formant rapidement en début d'après-midi, brouillards épais
engloutissant les crêtes sans préavis, vents violents balayant les hauteurs
exposées, ces phénomènes exigent souplesse dans la planification et capacité à
renoncer si les conditions deviennent dangereuses. Consulter les bulletins
météo refuge par refuge, échanger avec les gardiens connaissant parfaitement
leur secteur, observer attentivement l'évolution des nuages, ces réflexes
peuvent sauver des vies.
S'intéresser
à l'histoire et la culture corses magnifie la dimension contemplative de la
marche. Comprendre les enjeux de la transhumance séculaire éclaire différemment
les rencontres avec bergers et leurs troupeaux. Connaître quelques mots de
langue corse facilite échanges chaleureux avec habitants des villages
traversés. Goûter produits locaux dans les refuges et gîtes – charcuteries
fermières, fromages artisanaux, confitures de myrte ou d'arbouse – transforme
les repas en découvertes gustatives authentiques.
Les codes
sociaux insulaires méritent respect et attention. Saluer systématiquement les
personnes croisées, ne jamais traverser propriétés privées sans autorisation,
refermer consciencieusement barrières et portails, rester discret près des
bergeries habitées, ces marques de courtoisie élémentaires ouvrent portes et
cœurs. Les Corses, réputés méfiants avec les étrangers, se révèlent d'une
générosité touchante envers qui manifeste sincère intérêt pour leur territoire
et leurs traditions.
Refuges, gîtes et rencontres humaines
Les
hébergements jalonnant les sentiers corses constituent bien davantage que de
simples étapes logistiques. Refuges de montagne, gîtes villageois, bergeries
aménagées incarnent des lieux de vie où se tissent liens humains et se
transmettent savoirs. L'architecture sobre de ces bâtisses s'intègre
harmonieusement aux paysages, utilisant matériaux locaux – pierre, bois, lauze
– selon techniques ancestrales adaptées aux contraintes climatiques.
Les refuges
du GR20, gérés par le Parc Naturel Régional de Corse, offrent confort spartiate
favorisant l'essentiel. Dortoirs collectifs où dorment côte à côte marcheurs de
tous horizons, sanitaires rustiques, absence d'électricité compensée par
ambiance conviviale autour des tables communes, ces conditions ramènent à une
simplicité ressourçante. Les soirées s'étirent en discussions multilingues
échangeant expériences, projets, philosophies de vie. Les amitiés nées dans
l'effort partagé perdurent souvent au-delà du séjour insulaire.
Les gardiens
de refuges, personnages emblématiques du monde de la randonnée corse, incarnent
une race à part. Choisissant volontairement l'isolement montagnard plusieurs
mois par an, ils développent connaissance intime de leur environnement et
relation particulière avec les marcheurs de passage. Certains cuisinent plats corses
traditionnels – soupes de châtaignes, ragoûts de sanglier, beignets au brocciu
– servis dans une ambiance familiale. Leurs récits d'aventures passées,
d'incidents cocasses ou dramatiques, de phénomènes naturels extraordinaires
observés au fil des saisons nourrissent l'imaginaire des auditeurs captivés.
Les gîtes
d'étape villageois, implantés sur les Mare a Mare et Mare e Monti, favorisent
immersion culturelle approfondie. Tenus par familles locales perpétuant
traditions hospitalières séculaires, ils proposent tables d'hôtes où se
dégustent spécialités régionales accompagnées de vins corses. Les propriétaires
partagent volontiers histoire du village, légendes locales, conseils pour
découvrir environs immédiats. Ces moments d'échange authentique révèlent la
Corse profonde, celle des terroirs préservés et des identités villageoises
fortes.
Les
rencontres avec bergers constituent moments privilégiés. Croiser un troupeau de
chèvres ou de brebis oblige à patience et courtoisie, on s'écarte du chemin, on
laisse passer les bêtes et leur gardien sans précipitation ni gestes brusques.
Un salut respectueux, quelques mots échangés sur la météo ou l'état du sentier
peuvent déboucher sur conversations passionnantes. Ces hommes et femmes
perpétuant mode de vie ancestral détiennent sagesse particulière, fruit d'une
existence rythmée par cycles naturels et contact quotidien avec éléments. Leurs
visages burinés par le soleil et le vent racontent années d'une vie rude mais
choisie.
Les villages
corses, accrochés aux pentes ou blottis dans les vallées, offrent haltes
bienvenues entre deux étapes montagnardes. Fontaines fraîches étanchant les
soifs, épiceries vendant provisions, églises romanes ou baroques invitant au
recueillement silencieux, places ombragées où traîner devant un verre de pietra,
autant de pauses régénératrices avant de reprendre la route pédestre. Observer
la vie locale s'écouler tranquillement, assister à une partie de pétanque
enflammée, entendre les cloches sonnant les heures, ces instants de
quotidienneté partagée ancrent le voyageur dans une réalité sociale éloignée du
consumérisme touristique standard.
Traverser la Corse à pied, que ce soit dans la lenteur méditative de la randonnée ou l'ivresse du trail running, constitue une expérience transformative dépassant largement le cadre d'une simple performance sportive. Les sentiers insulaires révèlent un territoire d'une diversité stupéfiante, où se côtoient plages paradisiaques et sommets alpins, forêts cathédrales et déserts minéraux, villages préservés et bergeries d'altitude. Au-delà des paysages grandioses et des défis physiques, c'est une rencontre profonde avec une culture vivante qui s'opère. Les Corses, fiers gardiens de leurs traditions et de leur environnement, accueillent avec générosité ceux qui manifestent respect sincère pour leur île. Randonner ou courir en Corse, c'est accepter de se confronter à soi-même dans l'effort et la contemplation, de ralentir pour mieux percevoir les subtilités d'une nature préservée, de s'ouvrir aux rencontres humaines authentiques. L'île de Beauté ne se dévoile jamais totalement au premier passage, elle invite au retour, saison après saison, pour approfondir cette relation intime tissée à la force des jambes et nourrie d'émerveillement renouvelé. Les sentiers corses tracent finalement moins une géographie physique qu'une cartographie intérieure, dessinant les contours d'une transformation personnelle dont les effets perdurent longtemps après avoir regagné le continent.







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