Randonnées pédestres en centre Corse, affutez vos mollets!
Lorsque les
regards se tournent vers la Corse, l'imaginaire convoque immédiatement plages
paradisiaques et criques turquoise. Pourtant, le véritable cœur de l'île bat
dans ses montagnes escarpées, ses vallées profondes creusées par des torrents
tumultueux, ses forêts millénaires peuplées de pins laricio géants. Le centre
Corse déploie un relief tourmenté où sommets dépassant les deux mille mètres
côtoient lacs d'altitude aux eaux glacées, où gorges vertigineuses s'enfoncent
dans le granite rose, où plateaux d'altitude tapissés de pozzines invitent à la
contemplation. Cette Corse verticale, celle des bergers et des randonneurs,
révèle l'âme profonde de l'insularité méditerranéenne. Des sentiers mythiques
comme le GR20 aux balades familiales menant vers des cascades rafraîchissantes,
des ascensions techniques vers les plus hauts sommets aux promenades
contemplatives dans les forêts centenaires, le territoire montagneux insulaire
offre une palette infinie d'itinéraires pédestres. Chaussez vos meilleures
chaussures de marche et suivez-nous dans cette exploration des plus belles
randonnées du centre Corse, là où l'île de Beauté révèle sa dimension la plus
sauvage et authentique.
Vallée de la Restonica, sanctuaire de granite et d'eau vive
À quelques
kilomètres seulement de Corte, capitale historique de l'île, la vallée de la
Restonica s'enfonce dans le massif du Monte Rotondo comme une entaille profonde
sculptée par les millénaires. La route qui remonte le cours du torrent serpente
entre des parois rocheuses vertigineuses, traversant une forêt de pins
maritimes avant d'atteindre les bergeries de Grotelle, point de départ des
randonnées vers les lacs d'altitude. Le parking, rapidement saturé en haute
saison, marque le début d'une ascension qui compte parmi les plus prisées du
centre Corse.
Le sentier
vers le lac de Melo grimpe régulièrement à travers un chaos de blocs
granitiques polis par l'érosion. Les pins laricio cèdent progressivement la
place à une végétation plus rase – aulnes verts, genévriers nains, immortelle
aux parfums capiteux. Le torrent accompagne la marche de son grondement
incessant, dévalant en cascades écumeuses, creusant des vasques aux eaux
cristallines où certains randonneurs téméraires s'aventurent malgré la
température glaciale.
Après une heure d'effort soutenu, le lac de Melo apparaît soudain, niché dans un cirque minéral d'une beauté saisissante. Ses eaux d'un vert profond reflètent les parois rocheuses qui l'encerclent comme un amphithéâtre naturel. Des névés persistent souvent jusqu'en juillet sur les versants nord, rappelant la rigueur hivernale de ces altitudes. Les berges invitent à une pause contemplative, sortir le pique-nique, contempler les jeux de lumière sur la surface du lac, observer les mouflons qui parfois s'aventurent sur les crêtes environnantes.
Pour les
randonneurs aguerris, la progression peut se poursuivre vers le lac de
Capitello, perché trois cents mètres plus haut. Le sentier se fait alors technique,
escaladant des dalles rocheuses, franchissant des ressauts abrupts équipés de
chaînes métalliques. L'effort se trouve largement récompensé, Capitello dévoile
un décor encore plus minéral, presque lunaire, où le granite nu domine et où le
lac aux eaux noires semble figé dans une éternité glaciaire. La vue depuis les
hauteurs embrasse une succession de crêtes déchiquetées s'étirant jusqu'à
l'horizon, synthèse parfaite de la Corse montagnarde.
Le retour
par le même itinéraire permet d'apprécier différemment les paysages, la lumière
de l'après-midi sculptant les reliefs autrement. La descente sollicite genoux
et chevilles sur les passages rocheux, mais la fraîcheur des sous-bois
retrouvés apporte un soulagement bienvenu. Compter cinq à six heures pour l'aller-retour
jusqu'à Melo, sept à huit heures si l'on pousse jusqu'à Capitello. La
randonnée, bien que techniquement accessible, nécessite une condition physique
correcte et un équipement adapté, chaussures de montagne à semelles crantées,
réserves d'eau suffisantes, vêtements chauds pour l'altitude où le vent peut
souffler fort même en plein été.
Plateau du Coscione et lac de Nino, immersion dans les hautes terres pastorales
Le plateau
du Coscione et le lac de Nino incarnent une autre facette du centre Corse, celle
des hauts plateaux d'altitude où l'horizontalité succède à la verticalité, où
les pozzines – ces prairies humides typiquement corses – dessinent des
mosaïques vertes ponctuées de mares aux eaux sombres. Le lac de Nino, situé à
mille sept cents mètres d'altitude, constitue l'un des joyaux de ce territoire
pastoral séculaire.
L'accès le
plus classique débute depuis la maison forestière de Poppaghja, sur la route
reliant Corte à Ajaccio via Vizzavona. Le sentier, bien balisé, traverse
d'abord la forêt de Valdu Niellu, cathédrale végétale peuplée de pins laricio
dont certains spécimens dépassent quarante mètres de hauteur. L'ambiance
forestière, fraîche et ombragée, contraste avec la rudesse minérale de la
Restonica. Le sol tapissé d'aiguilles de pins amortit les pas, les troncs
élancés filtrent la lumière en rais obliques, le silence n'est troublé que par
le chant des oiseaux et le bruissement du vent dans les frondaisons.
Progressivement, la forêt s'éclaircit, les arbres se font plus rares, et le paysage bascule dans l'univers des pozzines. Ces prairies d'altitude gorgées d'eau durant la fonte des neiges créent un environnement unique, parsemé de fleurs endémiques – renoncules, fritillaires, orchidées – qui explosent de couleurs au printemps. Des chevaux et des vaches en semi-liberté paissent tranquillement ces herbages nutritifs, témoins de la vocation pastorale millénaire de ces hautes terres.
Le lac de
Nino apparaît comme une tache sombre dans l'immensité du plateau. Ses rives
marécageuses, difficiles d'accès, abritent une avifaune remarquable, canards,
foulques, hérons cendrés trouvent refuge dans cet écosystème fragile. Le tour
du lac permet d'en apprécier toutes les perspectives, chaque angle révélant un
nouveau tableau composé d'eau, de ciel et de montagnes environnantes. Les
sommets qui encadrent le plateau – Paglia Orba au nord-ouest, Monte Cinto plus
au nord – dessinent une ligne d'horizon dentelée d'une majesté saisissante.
L'itinéraire
peut se prolonger vers le refuge de Manganu, étape du GR20, ajoutant plusieurs
heures de marche dans des paysages de plus en plus alpins. Pour l'aller-retour
simple vers le lac de Nino, compter cinq à six heures depuis Poppaghja. La
randonnée, de difficulté modérée, convient aux familles avec enfants habitués à
la marche. Le dénivelé reste raisonnable – environ six cents mètres – et le
terrain, sans difficultés techniques, permet une progression régulière et
agréable.
Le plateau se visite idéalement au printemps ou en début d'été, quand les fleurs tapissent les pozzines et que les mares reflètent le ciel d'un bleu intense. En automne, les couleurs virent aux ocres et aux roux, créant une palette chromatique différente mais tout aussi envoûtante. L'hiver transforme le plateau en désert blanc accessible uniquement aux randonneurs expérimentés équipés de raquettes.
Bastelica, porte d'entrée vers les hautes terres du Pumonte
Accroché à flanc de montagne à huit cents mètres d'altitude, dominant la vallée du Prunelli de son regard altier, le village de Bastelica incarne l'âme montagnarde du centre Corse dans toute sa profondeur. Patrie de Sampiero Corso, héros de la résistance corse au XVIe siècle dont la statue trône fièrement sur la place principale, ce hameau de pierres grises et de toits d'ardoise a conservé l'authenticité farouche des communautés d'altitude. Les maisons anciennes aux façades austères se serrent les unes contre les autres, comme pour mieux résister aux vents d'hiver qui balaient le plateau. L'église baroque, le lavoir restauré, les ruelles pavées où résonnent encore les sabots des mulets, tout ici respire une Corse intemporelle, celle des bergers et des châtaigniers centenaires.
Mais Bastelica constitue surtout un point de départ exceptionnel pour explorer le massif montagneux environnant. La cascade du voile de la mariée, accessible après une marche facile d'une heure à travers la forêt de pins laricio, dévoile une chute d'eau spectaculaire dévalant une paroi rocheuse sur près de cinquante mètres. L'eau jaillit avec une force stupéfiante au printemps, lors de la fonte des neiges, créant un rideau liquide qui justifie pleinement son nom poétique. La vasque au pied de la cascade invite à la contemplation, le grondement de l'eau emplissant l'espace d'une présence quasi hypnotique.
Les randonneurs plus aguerris emprunteront le sentier menant au Monte Renoso, second plus haut sommet de Corse du Sud culminant à deux mille trois cent cinquante-deux mètres. L'ascension, longue mais techniquement accessible, traverse d'abord les pâturages d'altitude où paissent chevaux et vaches en semi-liberté, témoins de la vocation pastorale séculaire de ces terres. Les bergeries restaurées ponctuent l'itinéraire, certaines proposant fromages et charcuteries aux randonneurs de passage. Plus haut, le paysage bascule dans l'univers minéral des crêtes, où seuls subsistent lichens et plantes rases agrippées au granite rose.
Le plateau du Coscione, accessible depuis Bastelica par une route forestière puis des sentiers balisés, déploie ses pozzines verdoyantes parsemées de mares sombres où se reflète le ciel changeant. Ces prairies humides d'altitude, uniques en Méditerranée, créent un environnement apaisant propice à la marche contemplative. Les chevaux sauvages qui galopent librement sur ces étendues ajoutent une dimension romantique au tableau, leurs silhouettes se découpant sur l'horizon dentelé des sommets environnants.
L'hiver transforme Bastelica en station de sports d'hiver, modeste mais attachante, où les Corses viennent skier sur les pentes du Val d'Ese. Cette dualité saisonnière – randonnées estivales et glisse hivernale – fait du village un camp de base idéal pour explorer le centre Corse toute l'année. Les gîtes et chambres d'hôtes du village perpétuent l'hospitalité montagnarde corse, cette générosité spontanée où l'étranger devient rapidement convive autour d'une table chargée de spécialités locales. Le soir venu, attablé devant une assiette de charcuteries fermières et un verre de vin du patrimonio, écoutant les anciens raconter les légendes du pays, on saisit ce qui fait l'essence profonde de la Corse, un attachement viscéral à la terre, aux traditions, à une certaine idée de la liberté farouche que symbolisent ces montagnes indomptables.
Gorges du Tavignano, vertige horizontal au départ de Corte
Corte, cœur
géographique et historique de la Corse, constitue un point de départ privilégié
pour explorer le centre montagneux de l'île. De ses ruelles médiévales dominées
par la citadelle juchée sur son piton rocheux, partent plusieurs sentiers
remarquables. Les gorges du Tavignano offrent une randonnée spectaculaire
alliant immersion dans un canyon profond et progression le long d'un torrent
aux eaux émeraude.
Le départ
s'effectue depuis le quartier de la Restonica à Corte, suivant un sentier
ancien qui servait autrefois de liaison entre les bergeries de montagne. La
descente initiale plonge rapidement dans les gorges, où le Tavignano a creusé
son lit dans le granite rose sur des millions d'années. Les parois verticales
qui encadrent le torrent créent une atmosphère de canyon, particulièrement
saisissante lorsque le soleil de midi illumine les profondeurs d'une lumière
zénithale.
Le sentier, parfois taillé à flanc de falaise, nécessite une attention constante. Des passages vertigineux surplombent le vide, protégés par de simples câbles métalliques. Ces sections aériennes, sans présenter de réelles difficultés techniques, peuvent impressionner les personnes sujettes au vertige. Mais la beauté du site compense largement ces quelques instants de tension, le torrent bondit de vasque en vasque, créant des cascades écumeuses, des marmites de géant aux formes lisses et sensuelles, des plages de galets où faire halte.
Les
baignades dans le Tavignano constituent l'un des plaisirs de cette randonnée
estivale. L'eau, fraîche mais moins glaciale que celle des lacs d'altitude,
invite à la trempette réparatrice. Certaines vasques, profondes et calmes,
permettent même quelques brasses. D'autres, alimentées par des cascades,
offrent un massage naturel tonifiant. Ces pauses aquatiques ponctuent agréablement
la progression, permettant de se rafraîchir tout en admirant la beauté sauvage
des gorges.
L'objectif
classique de la randonnée est le refuge de la Sega, bergerie restaurée située à
environ trois heures de marche depuis Corte. Le refuge, point d'étape du GR20,
propose boissons fraîches et restauration simple, occasion de converser avec
les randonneurs au long cours parcourant l'intégralité du mythique sentier. Les
plus vaillants peuvent poursuivre vers le lac de Capitello par un autre
itinéraire, créant ainsi une boucle exigeante mais magnifique nécessitant une
journée complète.
Le retour
s'effectue généralement par le même chemin, permettant de redécouvrir les
gorges sous une lumière différente. L'aller-retour jusqu'au refuge de la Sega
représente environ six à sept heures de marche, pour un dénivelé cumulé
d'environ huit cents mètres. La randonnée, accessible aux marcheurs réguliers,
nécessite chaussures de montagne, réserves d'eau importantes – peu de sources
sur l'itinéraire – et vêtements adaptés aux passages dans l'eau si l'on
souhaite profiter des baignades.
Forêt de Vizzavona et cascade des Anglais, douceur sylvestre et fraîcheur bienvenue
Située sur
l'axe central reliant Bastia à Ajaccio, la forêt de Vizzavona offre un tout
autre registre de randonnée dans le centre Corse, celui de la forêt
majestueuse, de la promenade ombragée, de l'itinéraire familial accessible à
tous. La gare de Vizzavona, desservie par le petit train corse, permet même
d'accéder à ces sentiers sans véhicule, ajoutant une dimension poétique au
voyage.
La balade
vers la cascade des Anglais constitue l'excursion la plus prisée du secteur.
Son nom provient d'une légende selon laquelle des officiers britanniques en
villégiature en Corse au XIXe siècle venaient s'y baigner régulièrement. Le
sentier, large et bien entretenu, serpente à travers une forêt de hêtres et de
pins laricio d'une densité remarquable. Les arbres centenaires créent une voûte
végétale protectrice, maintenant une fraîcheur appréciable même aux heures les
plus chaudes de l'été.
Le chemin longe le ruisseau d'Agnone, dont le murmure accompagne la marche. Après quarante-cinq minutes de progression tranquille, la cascade apparaît, une chute d'eau d'une quinzaine de mètres dévalant une paroi rocheuse moussue, alimentant une vasque profonde aux eaux limpides. Le site, aménagé avec quelques bancs et tables, invite au pique-nique familial. Les plus courageux se lancent dans l'eau glacée, récompensés par une sensation de fraîcheur vivifiante. Les autres se contentent de tremper les pieds ou de s'asperger le visage, profitant simplement de l'atmosphère apaisante du lieu.
Pour les
randonneurs souhaitant prolonger l'expérience, plusieurs itinéraires partent de
Vizzavona vers des destinations variées. L'ascension du Monte d'Oro, sommet
emblématique culminant à deux mille trois cent quatre-vingt-neuf mètres,
représente une course alpine exigeante réservée aux montagnards confirmés. Le
refuge de Prati, étape du GR20, constitue une destination intermédiaire
accessible en trois à quatre heures de marche, offrant panoramas exceptionnels
sur les montagnes du centre Corse.
La forêt de
Vizzavona abrite également une flore remarquable. Au printemps, les sous-bois
se parent de fleurs endémiques, hellébores, cyclamens, anémones créent des
tapis colorés sous les frondaisons encore claires. Les champignons prolifèrent
en automne, occasion pour les connaisseurs de récolter cèpes et bolets sous la
surveillance vigilante des gardes forestiers. La faune forestière – sangliers,
mouflons, cerfs – demeure discrète mais omniprésente, comme en témoignent les
traces et empreintes parsemant les sentiers.
Vizzavona
constitue une étape privilégiée pour les randonneurs parcourant le GR20,
permettant un ravitaillement, une nuit en hôtel confortable, une vraie douche
après plusieurs jours d'efforts. Le village, petit et authentique, conserve le
charme des stations d'altitude corses d'antan. Quelques hôtels familiaux, des
gîtes chaleureux, un restaurant ou deux, l'essentiel pour se ressourcer avant
de repartir vers les sommets.
Monte Cinto et Monte Rotondo, rendez-vous avec les géants insulaires
Le centre
Corse abrite les plus hauts sommets de l'île, promesses d'ascensions exigeantes
récompensées par des panoramas à trois cent soixante degrés embrassant
l'intégralité du territoire insulaire. Le Monte Cinto, point culminant à deux
mille sept cent six mètres, et le Monte Rotondo, second sommet à deux mille six
cent vingt-deux mètres, constituent des objectifs mythiques pour tout
randonneur fréquentant les montagnes corses.
L'ascension
du Monte Cinto débute généralement depuis le col de Vergio, point haut de la
route reliant Calvi à Porto. Le sentier grimpe régulièrement à travers les
pâturages d'altitude avant d'attaquer la montée finale sur un terrain de plus
en plus minéral. Les derniers cent mètres nécessitent une escalade facile mais
engagée sur des rochers instables, où les mains deviennent utiles pour assurer
la progression. Le sommet, étroit et exposé, procure une sensation grisante de
domination sur l'île entière. Par temps clair, le regard embrasse simultanément
mer à l'ouest, chaîne alpine au nord-est, Sardaigne au sud. Les sommets corses
s'étalent en contrebas comme une mer de pierres figée, témoignage du
soulèvement tectonique qui donna naissance à l'île.
Le Monte Rotondo propose une ascension différente, débutant depuis les bergeries de Grotelle dans la vallée de la Restonica. L'itinéraire passe par les lacs de Melo et Capitello avant d'attaquer les pentes conduisant au sommet. La course, longue et exigeante – compter huit à dix heures aller-retour – nécessite départ matinal, condition physique excellente, et capacité à évoluer sur terrain technique. Le sommet, table d'orientation naturelle, offre des vues vertigineuses sur toutes les vallées environnantes.
Ces ascensions
ne s'improvisent pas. Elles requièrent expérience de la montagne, équipement
complet – chaussures de haute montagne, vêtements chauds et imperméables,
provisions suffisantes – et surtout une météo stable. Les orages d'altitude,
fréquents en Corse, transforment rapidement une ascension agréable en situation
dangereuse. Les sommets se couvrent de neige dès octobre, demeurant
inaccessibles jusqu'en juin pour la plupart des randonneurs. La période idéale
court de juillet à septembre, quand les températures permettent des ascensions
dans des conditions optimales.
Pour les
marcheurs moins expérimentés, de nombreux sommets secondaires offrent des
satisfactions comparables avec moins de difficultés techniques. La Paglia Orba,
surnommée le Cervin corse pour sa forme pyramidale caractéristique, ou le Capu
Tafunatu percé de son trou naturel de quinze mètres de diamètre, constituent
des courses alternatives tout aussi gratifiantes visuellement.
Conseils pratiques, préparer sa randonnée dans le centre Corse
Randonner
dans le centre Corse nécessite une préparation sérieuse, même pour les
itinéraires réputés faciles. La montagne insulaire présente des spécificités
qu'il convient de connaître pour profiter pleinement de son séjour vertical. La
météo, d'abord, peut changer brutalement, un ciel azuré le matin se couvre
parfois en début d'après-midi, les orages éclatent avec violence, déversant des
trombes d'eau et accompagnés d'une activité électrique intense. Consulter les
prévisions avant chaque sortie, partir tôt pour être redescendu avant les
orages habituels de l'après-midi, disposer de vêtements imperméables dans son
sac, autant de précautions élémentaires.
L'équipement
fait la différence entre randonnée agréable et calvaire. Chaussures de montagne
à tiges montantes assurant un bon maintien de la cheville sur terrain
accidenté, sac à dos confortable ne dépassant pas dix kilos, bâtons de marche
soulageant genoux et chevilles dans les descentes, réserves d'eau abondantes –
compter au minimum deux litres par personne pour une journée, davantage en
période chaude. L'eau des torrents, si tentante soit-elle, ne doit jamais être
bue sans traitement préalable, les bergeries en amont pouvant la contaminer.
La période de randonnée s'étend d'avril à novembre, chaque saison offrant ses particularités. Le printemps dévoile une nature renaissante, les torrents gonflés par la fonte des neiges, les fleurs tapissant prairies et sous-bois. L'été garantit un temps stable mais les chaleurs peuvent être accablantes à basse altitude, incitant à privilégier les itinéraires d'altitude ou les départs très matinaux. L'automne pare les forêts de couleurs flamboyantes, les températures redeviennent clémentes, la fréquentation diminue, une saison idéale pour qui recherche tranquillité. L'hiver réserve les montagnes aux pratiquants expérimentés équipés de raquettes et de matériel de sécurité en avalanche.
Les
hébergements du centre Corse s'échelonnent du camping rustique à l'hôtel
confortable. Corte, capitale montagnarde, propose la gamme la plus large.
Vizzavona, Evisa, les villages de Haute-Corse offrent gîtes et chambres d'hôtes
chaleureux où l'accueil corse se vit dans toute son authenticité. Les refuges
du GR20, bien que principalement dédiés aux traversées intégrales, acceptent
généralement les randonneurs à la journée pour un repas ou une nuit, moyennant
réservation préalable en haute saison.
Le centre Corse, cathédrale minérale et végétale
Randonner
dans le centre Corse, c'est pénétrer l'âme véritable de l'île, celle que les
Corses eux-mêmes revendiquent comme l'essence de leur identité. Loin des
rivages où se presse le tourisme estival, les montagnes déploient une Corse
intemporelle, celle des bergers transhumants, des villages accrochés aux
pentes, des traditions pastorales séculaires. Chaque sentier raconte une
histoire, celle de l'eau sculptant le granite depuis des éons, celle de la
végétation s'adaptant aux altitudes, celle des hommes apprivoisant des terres
hostiles par leur travail acharné.
La diversité
des itinéraires permet à chacun de trouver la randonnée correspondant à ses
capacités et ses aspirations. Familles avec enfants emprunteront les chemins
forestiers de Vizzavona, profitant de la cascade des Anglais et de l'ambiance
rafraîchissante des sous-bois. Randonneurs réguliers s'attaqueront aux lacs de
la Restonica ou au plateau du Coscione, satisfaits par les panoramas
récompensant leurs efforts. Montagnards confirmés viseront les sommets
mythiques – Cinto, Rotondo, Paglia Orba – défis techniques procurant sensations
fortes et vues inoubliables.
Au-delà de
l'effort physique et de la beauté des paysages, randonner dans le centre Corse
offre une expérience de reconnexion profonde avec la nature. Le silence des
montagnes, troublé seulement par le vent dans les pins et le grondement lointain
des torrents, apaise l'esprit. Les rencontres impromptues avec bergers,
gardiens de refuges, randonneurs venus du monde entier créent des moments de
partage authentiques. L'immersion dans ces territoires préservés rappelle la
fragilité des écosystèmes montagnards et l'importance de les respecter.
Alors que vous planifiez votre découverte du centre Corse, gardez en mémoire que chaque randonnée demande préparation, humilité face à la montagne, respect des consignes de sécurité. Mais une fois ces précautions prises, les sentiers insulaires s'ouvrent généreusement, invitant à des journées de marche qui gravent dans la mémoire des images indélébiles, lever de soleil sur le lac de Nino, baignade glacée dans les vasques du Tavignano, panorama depuis le sommet du Cinto embrassant toute la Méditerranée. Le centre Corse vous attend, majestueux et généreux, prêt à dévoiler ses merveilles à ceux qui acceptent l'effort de gagner les hauteurs.
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