lundi 10 février 2025

Promenade en mer d’Ajaccio à Girolata une immersion dans les splendeurs du littoral corse

Promenade en mer d’Ajaccio à Girolata

Bercée par les flots azurés de la Méditerranée, Ajaccio, ville natale de Napoléon, est le point de départ idéal pour une excursion maritime à la découverte des trésors naturels de la côte ouest de la Corse. Entre falaises de granit rouge, criques secrètes et eaux cristallines, cette balade en mer offre un spectacle saisissant où se mêlent nature brute et panoramas d’exception.

L’un des joyaux de cette traversée est Girolata, un petit hameau accessible uniquement par la mer ou à pied, niché au cœur d’un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette escapade maritime, entre Ajaccio et Girolata, réserve bien des surprises, avec des arrêts incontournables aux îles Sanguinaires, aux calanques de Piana et au golfe de Porto.

Que l’on choisisse une vedette rapide, un bateau semi-rigide ou une excursion en catamaran, cette promenade en mer est une invitation à l’évasion, où chaque escale révèle un paysage plus grandiose que le précédent.

 

Départ d’Ajaccio, entre port animé et horizons infinis

L’excursion débute au port d’Ajaccio, où les embarcations s’élancent à l’aube, lorsque la lumière dorée caresse les façades colorées de la vieille ville. Face à l’horizon, la mer scintille, laissant deviner l’itinéraire qui mènera les voyageurs vers des paysages insoupçonnés.

Le golfe d’Ajaccio et les îles Sanguinaires

À la sortie du golfe, un premier arrêt s’impose aux îles Sanguinaires, cet archipel de porphyre rouge qui doit son nom aux teintes flamboyantes qu’il revêt au coucher du soleil. Situées à quelques encablures de la pointe de la Parata, ces îles abritent une faune et une flore d’exception. Sur la plus grande d’entre elles, Mezu Mare, un vieux phare solitaire domine les falaises, offrant une vue imprenable sur la mer.

Ces îlots sauvages sont aussi le refuge de nombreux oiseaux marins, tels que les goélands leucophées et les cormorans huppés, qui nichent sur leurs pentes escarpées. Les amateurs de baignade et de snorkeling y trouveront un terrain de jeu idéal, avec des fonds marins riches en poissons et en coraux colorés.

Les sentiers de randonnée des îles Sanguinaires, une immersion sauvage au bout du monde

Avant de mettre le cap vers Girolata, une escale aux îles Sanguinaires, situées à l’entrée du golfe d’Ajaccio, s’impose. Cet archipel fascinant, composé de quatre îlots de porphyre rouge, offre des paysages sauvages et une ambiance hors du temps. Pour les amateurs de nature et de panoramas spectaculaires, les sentiers de randonnée de l’île principale, Mezu Mare, constituent une expérience inoubliable.

Dès le débarquement sur Mezu Mare, la plus grande des îles, un sentier aménagé permet de rejoindre en moins de 30 minutes l’ancienne station de quarantaine, vestige du XIXᵉ siècle où étaient isolés les marins malades avant d’entrer en Corse. Le chemin serpente à travers un maquis dense et parfumé, où poussent myrtes, cistes et lentisques, et où l’on peut croiser des colonies de goélands leucophées, maîtres incontestés de ces terres sauvages.

Pour les randonneurs en quête de points de vue exceptionnels, l’ascension vers le phare des Sanguinaires, perché à 80 mètres d’altitude, est un incontournable. Construit en 1870, il offre un panorama à 360° sur le golfe d’Ajaccio, la côte ouest corse et, par temps clair, les montagnes du littoral sarde. À l’heure dorée du coucher de soleil, la roche rougeoyante des îles prend une teinte flamboyante, créant un spectacle naturel d’une beauté saisissante.

Moins fréquenté mais tout aussi captivant, un sentier plus discret mène vers la Punta della Madonetta, un promontoire rocheux où les falaises abruptes plongent dans une eau turquoise. C’est un endroit idéal pour profiter du calme absolu et observer le ballet des cormorans huppés planant au-dessus des vagues.

Que l’on soit passionné de randonnée ou simplement en quête d’une balade dépaysante, les sentiers des îles Sanguinaires offrent un dépaysement total, entre histoire, nature préservée et panoramas à couper le souffle. Une escale incontournable avant de poursuivre l’aventure vers Girolata et les merveilles du littoral corse. 

 

Cap sur le nord, la côte sculptée par le temps

Après avoir longé les îles Sanguinaires, le bateau met le cap au nord, longeant une côte de plus en plus sauvage. Ici, le littoral se métamorphose, aux longues plages succèdent des falaises abruptes et des formations rocheuses spectaculaires, témoins de millions d’années d’érosion.

Les calanques de Piana, un chef-d'œuvre naturel

Véritable joyau du golfe de Porto, les calanques de Piana offrent un spectacle hors du commun. Ces falaises de granit rouge, sculptées par le vent et la mer, forment un labyrinthe minéral aux formes étranges. Certaines roches évoquent des silhouettes familières, la fameuse tête de chien, la porte de Piana ou encore le cœur des calanques sont autant de curiosités naturelles que les marins se plaisent à montrer aux visiteurs.

En naviguant au plus près des falaises, on découvre des grottes marines secrètes et des petites criques où l’eau turquoise invite à une baignade rafraîchissante. Certains bateaux permettent même d’accoster pour explorer à pied cet écrin naturel d’une beauté saisissante.

 

Le golfe de Porto, entre falaises et eaux translucides

Un décor grandiose

En poursuivant la navigation vers le nord, l’entrée du golfe de Porto se dévoile. Entouré de montagnes plongeant dans la mer, ce golfe fait partie des sites les plus spectaculaires de Corse. Les contrastes de couleurs y sont saisissants, le bleu intense de la Méditerranée tranche avec le rouge orangé des falaises, tandis que la végétation du maquis apporte des touches de vert éclatant.

Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce site est également une zone protégée, abritant une biodiversité exceptionnelle. Les eaux du golfe sont peuplées de mérous, de dauphins et parfois même de tortues caouannes, qui viennent y trouver refuge.

Le village de Porto et sa tour génoise

Avant d’atteindre Girolata, une escale à Porto permet d’admirer l’ancienne tour génoise surplombant la baie. Construite au XVIᵉ siècle pour protéger l’île des invasions barbaresques, elle témoigne du passé tumultueux de la Corse. Son architecture robuste et son emplacement stratégique en font l’un des monuments les plus emblématiques du littoral corse.

 

Girolata, un havre de paix entre mer et maquis

Après plusieurs heures de navigation à travers les paysages les plus grandioses de l’île, Girolata apparaît enfin, lové dans une petite crique protégée. Ce hameau isolé, accessible uniquement par la mer ou par le célèbre sentier du facteur, offre un cadre hors du temps, où la nature règne en maître.

Un village hors du monde

Composé de quelques maisons en pierre et d’un petit port de pêche, Girolata a su préserver son authenticité. Ici, pas de routes ni de voitures, le silence n’est troublé que par le clapotis des vagues et le cri des mouettes.

Les restaurants du village, souvent tenus par des familles corses, proposent des spécialités locales comme le poisson frais, les charcuteries corses et les fromages de brebis, accompagnés d’un verre de vin de Patrimonio.

Une escale nature

Les eaux cristallines de Girolata sont idéales pour une baignade ou une session de snorkeling. Les amateurs de randonnée peuvent aussi emprunter le sentier du facteur, qui relie le hameau à la route principale en passant par le col de la Croix, offrant une vue imprenable sur le golfe.

Le sentier du facteur, un itinéraire mythique vers Girolata

Si Girolata est accessible uniquement par bateau ou à pied, c’est grâce à un chemin historique qui serpente à travers le maquis, le sentier du facteur. Ce sentier, long d’environ 7 kilomètres aller-retour, relie le col de la Croix au petit hameau et doit son nom aux facteurs qui l’empruntaient autrefois pour distribuer le courrier aux rares habitants de ce village isolé.

Le départ se fait depuis la route D81, au niveau du col de la Croix, où une petite aire de stationnement marque le début du chemin. Dès les premiers pas, le sentier s’ouvre sur un panorama exceptionnel, à gauche, les eaux du golfe de Girolata scintillent sous le soleil, tandis qu’à droite, le maquis et les falaises escarpées se dressent majestueusement.

La randonnée, sans difficulté majeure, traverse une zone classée réserve naturelle, offrant des points de vue époustouflants sur le littoral. Par endroits, le chemin s’enfonce dans des passages ombragés où l’on peut croiser des mouflons, des tortues d’Hermann ou encore des aigles royaux planant au-dessus des falaises.

Après environ 1h30 de marche, l’arrivée à Girolata est une véritable récompense, niché entre mer et montagnes, ce hameau semble figé dans le temps. Ici, les visiteurs peuvent profiter d’une pause bien méritée, déguster une spécialité locale en bord de mer ou simplement se rafraîchir dans les eaux cristallines de la baie.

Le sentier du facteur est un voyage dans l’histoire et la nature corse, une immersion totale dans un environnement préservé, où chaque pas révèle la beauté brute de l’île de Beauté.

Les balbuzards pêcheurs, rois du ciel corse

Au fil de la navigation entre Ajaccio et Girolata, il est fréquent d’apercevoir un rapace majestueux survolant les eaux, scrutant la surface à la recherche de sa proie. Il s’agit du balbuzard pêcheur, un oiseau emblématique de la Corse, particulièrement présent sur la côte ouest et dans la réserve de Scandola. Ce grand prédateur, reconnaissable à son plumage brun et blanc, sa tête marquée d’un masque noir et ses serres acérées, est un expert dans l’art de capturer des poissons en plein vol.

Le balbuzard pêcheur niche sur les falaises abruptes et inaccessibles du littoral, profitant de ces refuges naturels pour protéger ses petits des prédateurs. Grâce à la protection instaurée dans les réserves naturelles comme Scandola, la population de cet oiseau rare s’est stabilisée après avoir frôlé l’extinction. Aujourd’hui, quelques dizaines de couples résident en Corse, faisant de l’île un sanctuaire européen pour cette espèce.

Lors des excursions en mer, il est fascinant d’observer leur technique de chasse, après un vol stationnaire au-dessus des eaux, le balbuzard plonge en piqué, serres en avant, pour saisir un poisson avec une précision redoutable. Il repart ensuite vers son nid, parfois en ajustant sa prise pour offrir un meilleur aérodynamisme. Ce spectacle naturel, reflet de la biodiversité corse, constitue un moment fort du voyage.

Le balbuzard pêcheur, par sa présence, témoigne de l’importance de préserver les écosystèmes marins et côtiers. Sa survie est un indicateur clé de la bonne santé de l’environnement, et le respect des zones protégées garantit la pérennité de cette espèce fascinante.

 

L’écosystème terrestre, un équilibre fragile entre mer et montagne

Si la côte ouest de la Corse fascine par ses eaux limpides et ses falaises abruptes, l’arrière-pays dévoile un écosystème terrestre d’une richesse exceptionnelle. Le voyage en mer entre Ajaccio et Girolata permet d’admirer la transition entre le littoral escarpé et l’intérieur des terres, où se mêlent maquis odorant, forêts anciennes et montagnes abruptes.

Le maquis corse, véritable signature végétale de l’île, domine le paysage. Composé d’arbousiers, de myrtes, de cistes, de bruyères et de genévriers, il embaume l’air de senteurs méditerranéennes, notamment en été, lorsque la chaleur exalte les huiles essentielles de ces plantes. Ce maquis, aussi beau qu’impénétrable, sert d’abri à une faune variée, sangliers, renards, tortues d’Hermann et petits reptiles y trouvent refuge.


Plus haut, les forêts de chênes verts, chênes-lièges et pins laricio prennent le relais. Ces dernières, typiques de la Corse, abritent des espèces endémiques comme la sitelle corse, un petit oiseau que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.

Mais cet équilibre fragile est constamment menacé par les incendies estivaux et l’urbanisation croissante. La protection de ces milieux naturels est donc essentielle pour préserver la biodiversité insulaire. La mise en place de réserves naturelles, comme celles de Scandola et de Capo Rosso, permet aujourd’hui de limiter l’impact de l’homme sur ces écosystèmes uniques.

Cet équilibre subtil entre terre et mer confère à la Corse une identité paysagère exceptionnelle, où chaque élément de la nature contribue à l’harmonie générale du territoire. 

 

Retour à Ajaccio, un dernier regard sur un paradis marin

Après une journée d’exploration riche en émotions, le bateau reprend la route du sud, longeant une dernière fois les falaises dorées par la lumière du soleil couchant. Ajaccio, avec son port animé et son ambiance chaleureuse, réapparaît à l’horizon, marquant la fin d’une aventure inoubliable.

Cette promenade en mer d’Ajaccio à Girolata est bien plus qu’une simple excursion, c’est une plongée dans un univers préservé, où la nature exprime toute sa splendeur. Entre eaux cristallines, falaises majestueuses et petits villages hors du temps, cette traversée dévoile l’âme sauvage de la Corse, une île de beauté qui ne cesse d’émerveiller ceux qui la découvrent.

Que l’on soit amoureux de paysages marins, passionné d’histoire ou simplement en quête d’évasion, cette croisière reste une expérience inoubliable, un instant suspendu entre ciel et mer.

 

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