Promenade en mer d’Ajaccio à Girolata
Bercée par les flots azurés de la Méditerranée, Ajaccio, ville natale de Napoléon, est le point de départ idéal pour une excursion maritime à la découverte des trésors naturels de la côte ouest de la Corse. Entre falaises de granit rouge, criques secrètes et eaux cristallines, cette balade en mer offre un spectacle saisissant où se mêlent nature brute et panoramas d’exception.
L’un des joyaux de cette
traversée est Girolata, un petit hameau accessible uniquement
par la mer ou à pied, niché au cœur d’un site classé au patrimoine
mondial de l’UNESCO. Cette escapade maritime, entre Ajaccio et
Girolata, réserve bien des surprises, avec des arrêts incontournables
aux îles Sanguinaires, aux calanques de Piana et au golfe de Porto.
Que l’on choisisse une
vedette rapide, un bateau semi-rigide ou une excursion en catamaran, cette promenade
en mer est une invitation à l’évasion, où chaque escale révèle un
paysage plus grandiose que le précédent.
Départ d’Ajaccio, entre
port animé et horizons infinis
L’excursion débute au port
d’Ajaccio, où les embarcations s’élancent à l’aube, lorsque la lumière
dorée caresse les façades colorées de la vieille ville. Face à l’horizon, la
mer scintille, laissant deviner l’itinéraire qui mènera les voyageurs vers des
paysages insoupçonnés.
Le golfe d’Ajaccio
et les îles Sanguinaires
À la sortie du golfe, un premier arrêt s’impose aux îles Sanguinaires, cet archipel de porphyre rouge qui doit son nom aux teintes flamboyantes qu’il revêt au coucher du soleil. Situées à quelques encablures de la pointe de la Parata, ces îles abritent une faune et une flore d’exception. Sur la plus grande d’entre elles, Mezu Mare, un vieux phare solitaire domine les falaises, offrant une vue imprenable sur la mer.
Ces îlots sauvages sont aussi
le refuge de nombreux oiseaux marins, tels que les goélands leucophées
et les cormorans huppés, qui nichent sur leurs pentes
escarpées. Les amateurs de baignade et de snorkeling y trouveront un terrain de
jeu idéal, avec des fonds marins riches en poissons et en coraux colorés.
Les sentiers de randonnée des îles Sanguinaires, une immersion sauvage au bout du monde
Avant de mettre le cap vers Girolata, une escale aux îles Sanguinaires, situées à l’entrée du golfe d’Ajaccio, s’impose. Cet archipel fascinant, composé de quatre îlots de porphyre rouge, offre des paysages sauvages et une ambiance hors du temps. Pour les amateurs de nature et de panoramas spectaculaires, les sentiers de randonnée de l’île principale, Mezu Mare, constituent une expérience inoubliable.
Dès le débarquement sur Mezu Mare, la plus grande des îles, un sentier aménagé permet de rejoindre en moins de 30 minutes l’ancienne station de quarantaine, vestige du XIXᵉ siècle où étaient isolés les marins malades avant d’entrer en Corse. Le chemin serpente à travers un maquis dense et parfumé, où poussent myrtes, cistes et lentisques, et où l’on peut croiser des colonies de goélands leucophées, maîtres incontestés de ces terres sauvages.
Pour les randonneurs en quête de points de vue exceptionnels, l’ascension vers le phare des Sanguinaires, perché à 80 mètres d’altitude, est un incontournable. Construit en 1870, il offre un panorama à 360° sur le golfe d’Ajaccio, la côte ouest corse et, par temps clair, les montagnes du littoral sarde. À l’heure dorée du coucher de soleil, la roche rougeoyante des îles prend une teinte flamboyante, créant un spectacle naturel d’une beauté saisissante.
Moins fréquenté mais tout aussi captivant, un sentier plus discret mène vers la Punta della Madonetta, un promontoire rocheux où les falaises abruptes plongent dans une eau turquoise. C’est un endroit idéal pour profiter du calme absolu et observer le ballet des cormorans huppés planant au-dessus des vagues.
Que l’on soit passionné de randonnée ou simplement en quête d’une balade dépaysante, les sentiers des îles Sanguinaires offrent un dépaysement total, entre histoire, nature préservée et panoramas à couper le souffle. Une escale incontournable avant de poursuivre l’aventure vers Girolata et les merveilles du littoral corse.
Cap sur le nord, la
côte sculptée par le temps
Après avoir longé les îles
Sanguinaires, le bateau met le cap au nord, longeant une côte de plus
en plus sauvage. Ici, le littoral se métamorphose, aux longues plages succèdent
des falaises abruptes et des formations rocheuses spectaculaires, témoins de
millions d’années d’érosion.
Les calanques de
Piana, un chef-d'œuvre naturel
Véritable joyau du
golfe de Porto, les calanques de Piana offrent un
spectacle hors du commun. Ces falaises de granit rouge, sculptées par le vent
et la mer, forment un labyrinthe minéral aux formes étranges.
Certaines roches évoquent des silhouettes familières, la fameuse tête
de chien, la porte de Piana ou encore le cœur
des calanques sont autant de curiosités naturelles que les marins se
plaisent à montrer aux visiteurs.
En naviguant au plus près des
falaises, on découvre des grottes marines secrètes et des petites criques où
l’eau turquoise invite à une baignade rafraîchissante. Certains bateaux
permettent même d’accoster pour explorer à pied cet écrin naturel d’une beauté
saisissante.
Le golfe de Porto, entre
falaises et eaux translucides
Un décor grandiose
En poursuivant la navigation
vers le nord, l’entrée du golfe de Porto se dévoile. Entouré
de montagnes plongeant dans la mer, ce golfe fait partie des sites les
plus spectaculaires de Corse. Les contrastes de couleurs y sont
saisissants, le bleu intense de la Méditerranée tranche avec le rouge orangé
des falaises, tandis que la végétation du maquis apporte des touches de vert
éclatant.
Classé au patrimoine
mondial de l’UNESCO, ce site est également une zone protégée,
abritant une biodiversité exceptionnelle. Les eaux du golfe sont peuplées de mérous,
de dauphins et parfois même de tortues caouannes, qui viennent y
trouver refuge.
Le village de Porto
et sa tour génoise
Avant d’atteindre Girolata,
une escale à Porto permet d’admirer l’ancienne tour
génoise surplombant la baie. Construite au XVIᵉ siècle pour protéger
l’île des invasions barbaresques, elle témoigne du passé tumultueux de la
Corse. Son architecture robuste et son emplacement stratégique en font l’un des
monuments les plus emblématiques du littoral corse.
Girolata, un havre
de paix entre mer et maquis
Après plusieurs heures de navigation à travers les paysages les plus grandioses de l’île, Girolata apparaît enfin, lové dans une petite crique protégée. Ce hameau isolé, accessible uniquement par la mer ou par le célèbre sentier du facteur, offre un cadre hors du temps, où la nature règne en maître.
Un village hors du
monde
Composé de quelques maisons
en pierre et d’un petit port de pêche, Girolata a su préserver
son authenticité. Ici, pas de routes ni de voitures, le silence n’est troublé
que par le clapotis des vagues et le cri des mouettes.
Les restaurants du village,
souvent tenus par des familles corses, proposent des spécialités locales comme
le poisson frais, les charcuteries corses et
les fromages de brebis, accompagnés d’un verre de vin
de Patrimonio.
Une escale nature
Les eaux cristallines de Girolata
sont idéales pour une baignade ou une session de snorkeling. Les amateurs de
randonnée peuvent aussi emprunter le sentier du facteur, qui
relie le hameau à la route principale en passant par le col de la Croix,
offrant une vue imprenable sur le golfe.
Le sentier du facteur,
un itinéraire mythique vers Girolata
Si Girolata est accessible uniquement par bateau ou à pied, c’est grâce à un chemin historique qui serpente à travers le maquis, le sentier du facteur. Ce sentier, long d’environ 7 kilomètres aller-retour, relie le col de la Croix au petit hameau et doit son nom aux facteurs qui l’empruntaient autrefois pour distribuer le courrier aux rares habitants de ce village isolé.
Le départ se fait depuis la route D81, au niveau du
col de la Croix, où une petite aire de stationnement marque le début du chemin.
Dès les premiers pas, le sentier s’ouvre sur un panorama exceptionnel, à
gauche, les eaux du golfe de Girolata scintillent sous le soleil, tandis qu’à
droite, le maquis et les falaises escarpées se dressent majestueusement.
La randonnée, sans difficulté majeure, traverse une zone
classée réserve naturelle, offrant des points de vue époustouflants sur le
littoral. Par endroits, le chemin s’enfonce dans des passages ombragés où l’on
peut croiser des mouflons, des tortues d’Hermann ou encore des aigles royaux
planant au-dessus des falaises.
Après environ 1h30 de marche, l’arrivée à Girolata
est une véritable récompense, niché entre mer et montagnes, ce hameau semble
figé dans le temps. Ici, les visiteurs peuvent profiter d’une pause bien
méritée, déguster une spécialité locale en bord de mer ou simplement se
rafraîchir dans les eaux cristallines de la baie.
Le sentier du facteur est un voyage dans l’histoire et la nature corse,
une immersion totale dans un environnement préservé, où chaque pas révèle la
beauté brute de l’île de Beauté.
Les balbuzards
pêcheurs, rois du ciel corse
Au fil de la navigation entre Ajaccio et Girolata,
il est fréquent d’apercevoir un rapace majestueux survolant les eaux, scrutant
la surface à la recherche de sa proie. Il s’agit du balbuzard pêcheur,
un oiseau emblématique de la Corse, particulièrement présent sur la côte ouest
et dans la réserve de Scandola. Ce grand prédateur, reconnaissable à son
plumage brun et blanc, sa tête marquée d’un masque noir et ses serres acérées,
est un expert dans l’art de capturer des poissons en plein vol.
Le balbuzard pêcheur niche sur les falaises abruptes et inaccessibles du littoral, profitant de ces refuges naturels pour protéger ses petits des prédateurs. Grâce à la protection instaurée dans les réserves naturelles comme Scandola, la population de cet oiseau rare s’est stabilisée après avoir frôlé l’extinction. Aujourd’hui, quelques dizaines de couples résident en Corse, faisant de l’île un sanctuaire européen pour cette espèce.
Lors des excursions en mer, il est fascinant
d’observer leur technique de chasse, après un vol stationnaire au-dessus des
eaux, le balbuzard plonge en piqué, serres en avant, pour saisir un poisson
avec une précision redoutable. Il repart ensuite vers son nid, parfois en
ajustant sa prise pour offrir un meilleur aérodynamisme. Ce spectacle naturel,
reflet de la biodiversité corse, constitue un moment fort du voyage.
Le balbuzard pêcheur, par sa présence, témoigne
de l’importance de préserver les écosystèmes marins et côtiers. Sa survie est
un indicateur clé de la bonne santé de l’environnement, et le respect des zones
protégées garantit la pérennité de cette espèce fascinante.
L’écosystème
terrestre, un équilibre fragile entre mer et montagne
Si la côte ouest de la Corse fascine par ses eaux
limpides et ses falaises abruptes, l’arrière-pays dévoile un écosystème
terrestre d’une richesse exceptionnelle. Le voyage en mer entre Ajaccio
et Girolata permet d’admirer la transition entre le littoral escarpé et
l’intérieur des terres, où se mêlent maquis odorant, forêts anciennes et
montagnes abruptes.
Le maquis corse, véritable signature végétale de l’île, domine le paysage. Composé d’arbousiers, de myrtes, de cistes, de bruyères et de genévriers, il embaume l’air de senteurs méditerranéennes, notamment en été, lorsque la chaleur exalte les huiles essentielles de ces plantes. Ce maquis, aussi beau qu’impénétrable, sert d’abri à une faune variée, sangliers, renards, tortues d’Hermann et petits reptiles y trouvent refuge.
Plus haut, les forêts de chênes verts,
chênes-lièges et pins laricio prennent le relais. Ces dernières, typiques
de la Corse, abritent des espèces endémiques comme la sitelle corse, un
petit oiseau que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde.
Mais cet équilibre fragile est constamment menacé par les
incendies estivaux et l’urbanisation croissante. La protection de
ces milieux naturels est donc essentielle pour préserver la biodiversité
insulaire. La mise en place de réserves naturelles, comme celles de
Scandola et de Capo Rosso, permet aujourd’hui de limiter l’impact de l’homme
sur ces écosystèmes uniques.
Cet équilibre subtil entre terre et mer confère à la Corse une identité paysagère exceptionnelle, où chaque élément de la nature contribue à l’harmonie générale du territoire.
Retour à Ajaccio, un
dernier regard sur un paradis marin
Après une journée d’exploration riche en émotions, le bateau reprend la route du sud, longeant une dernière fois les falaises dorées par la lumière du soleil couchant. Ajaccio, avec son port animé et son ambiance chaleureuse, réapparaît à l’horizon, marquant la fin d’une aventure inoubliable.
Cette promenade en mer d’Ajaccio à Girolata est bien plus qu’une simple excursion, c’est une plongée dans un univers préservé, où la nature exprime toute sa splendeur. Entre eaux cristallines, falaises majestueuses et petits villages hors du temps, cette traversée dévoile l’âme sauvage de la Corse, une île de beauté qui ne cesse d’émerveiller ceux qui la découvrent.
Que l’on soit amoureux de paysages marins, passionné d’histoire ou simplement en quête d’évasion, cette croisière reste une expérience inoubliable, un instant suspendu entre ciel et mer.
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